Avec un texte sur le policier blessé à Ghislenghien

Déjà lauréate du concours Prayez à Tournai en 2017 dans la catégorie « poésie », Alexandra Biebuyck recevra, le 4 mai prochain, le 1er prix de littérature en picard d’un grand concours ouvert à l’ensemble de la région picarde, à Amiens. Une jolie consécration pour la Dottignienne, capable de jouer avec les mots en patois tournaisien, mais aussi mouscronnois et dottignien. « À Tournai on dira « I n’d’a pos », et à Dottignies « I n’d’a nin », sourit-elle.
Passionnée des langues endogènes depuis… toujours, tant elle a baigné dans différents patois tout au long de son enfance, « entre celui de Dottignies par ma maman, mais aussi celui, un peu différent, du côté de Tournai, via mon papa originaire de Pottes », dit-elle, Alexandra Biebuyck est inscrite à l’atelier de langue et culture régionale, à Tournai, depuis sept ans. « Là, nous apprenons autant les dialectes que l’histoire ou la culture de notre région. Nous sommes une cinquantaine d’inscrits et c’est très instructif. » Pour autant, la volonté d’écrire est, elle, venue petit à petit. « Et sans le patois, peut-être n’y serais-je jamais venue ? J’ai commencé, en 2017, par de petites saynètes, on s’encourage et on se stimule les uns les autres. »
« Le patois de Tournai n’est pas celui de Mouscron ou Dottignies »
Mais désormais, ses textes sont plus aboutis. Et les concours accentuent la motivation à prendre la plume. « Je commence toujours à écrire sur papier, ensuite je transpose sur ordinateur ». Au point que la Dottignienne s’apprête à recevoir un prix qui lui tient particulièrement à cœur, début mai. « Je suis en effet lauréate du 1er Prix de littérature en Picard organisé par l’agence régionale pour le picard basée à Amiens, où je recevrai mon prix », sourit-elle. « Le concours était donc ouvert à une très large zone géographique, qui s’étend de la région montoise jusque dans cinq départements picards des Hauts de France. Mon texte, intitulé « Mireo m’bieau mireo » traite de la catastrophe de Ghislenghien, et met en scène Stéphane Delfosse, policier brûlé lors de la catastrophe, que j’ai rencontré, et à qui j’ai soumis mon texte. Je reviens sur le jour de cette catastrophe, entre réalité et imaginaire. Entre tragique et humour. » Ce prix, ce n’est pas le premier pour Alexandra. « J’ai en effet eu me bonheur de gagner le 1er Prix du concours Prayez (organisé par la Royale Compagnie du Cabaret Wallon Tournaisien) en 2017, dans la catégorie poésie. Car oui, j’écris aussi en alecandrins », précise celle qui a suivi des études de philologie romane, qui sera bientôt mise à l’honneur lors d’un prochain conseil communal à Mouscron. Pourtant, nul n’est prophète en son village : Alexandra assiste aux représentations du Cabaret dottignien, à deux rues de chez elle, sans être amenée à y contribuer. « Cela a été un petit coup dur que de ne même pas y être honorée lors de son précédent prix » pointe sa maman. « Pourtant, j’aimerais pouvoir y contribuer, nous partageons la même passion. Peut-être dans le futur ? », s’interroge Alexandra. En attendant, lorsqu’elle n’est pas sollicitée pour corriger des travaux scolaires pour ses proches, Alexandra Biebuyck aime récupérer de vieux ouvrages en patois, fouiller dans les lexiques, glossaires et dictionnaires à la recherche d’expressions, et mélanger les patois lorsque c’est possible. « Je fais aussi des lectures juste de l’autre côté de la frontière, à Lys-lez-Lannoy », dit-elle. « Il y a un regain d’intérêt pour le patois. Il fait son retour dans nos écoles, car c’est l’année des langues endogènes. Et il y a aussi le Picard des Enfants… » Le 4 mai, au musée Jules Verne d’Amiens, son texte sera présenté devant un parterre d’autorités de la région. En attendant, qui sait, bientôt un nouveau prix ?
source : article JEAN-MICHEL MANDERICK Nord Eclair